Un tour de Corse à la voile, ça ne se refuse pas !

Propriétaires d’un JPK 1010 depuis juillet dernier, Fred et Pascale étaient venus chercher le bateau avec leur ami Christophe pour le ramener en Méditerrannée après un joli tour d’Espagne

Fred m’a gentiment fait venir à bord pour compléter l’équipage de « Sun Day » sur le Tour de Corse. Un vrai bonheur de se retrouver à Bonifacio avec un bon bateau (!) et un équipage sympa et compétent.

La météo également est favorable avec un bon flux de sud ouest pour la remontée jusqu’au Cap Corse et une remontée a priori plus aléatoire sous
le vent de l’île .
Les équipages ont respecté le rituel en tirant au sort le sens de rotation de la course et c’est donc dans le sens côte ouest, côte est que nous tournerons cette année.
12 h jeudi, 60 bateaux de 30 à 70 pieds s’élancent « à l’anglaise » au pied des sublimes falaises blanches de Bonifacio . Pas simple de trouver un espace entre une majorité de gros bateaux.
Bref, on se retrouve un peu over lay line pour se dégager des dévents et attaquer la 1ère partie de la course au près puis au débridé dans une vingtaine de noeuds. Le vent adonne de plus en plus et après le code « d » (la voile préférée de Fred) on envoie enfin le spi. Plus intéressant encore le vent prend du muscle et à l’approche de la nuit ça commence à bien glisser.
A 10 h nous y sommes et le speedo oscille entre 10 et 14 nds sous grand spi. Christophe et Thomas connaissent la Corse par coeur ( Christophe a déja 7 tours de Corse à son actif et Thomas est capitaine d’un des ferry de la SNCM !) et l’empannage dans le vent qui vient de forcir et adonner sera le début d’une bien jolie trajectoire sur cette face ouest de l’île. On profite pour affaler et remplacer le spi max par le lourd .
Loic a l’avant et Clémentine au piano assurent eux aussi comme des pros et c’est tant mieux car on a maintenant 30 nds à l’anémo et on enchaine de jolis surfs entre 14 et 17 nds. Changement de barreur avec Thomas qui pilote ça avec doigté (pour lui le 1010 c’est du fastoche a côté de son Figaro 1 !) et ça devient bien « engagé » quand le vent grimpe jusqu’à 37 nds. A priori, ça se passe bien pour nous car on rattrape un paquet de « gros « , on « déboite » un Figaro 2 et on distance nos concurrents directs dont les feux disparaissent dans le sillage.
17,3 nds sera le « high score » de la nuit. Je suis à l’écoute de spi à « suivre » le
barreur et le moment est  vraiment top. La Terre qui défile en ombre chinoise sous ce ciel lumineux, le sillage rectiligne , l’équipage qui se régale. Je vois Fred qui découvre la régate et amateur de sport auto apprécie ces montées d’adrénaline et les « coups de pieds aux fesses » des départs au surf. Je vois Pascale toujours adorable et serviable qui fait chauffer de l’eau et me tend tranquillement une soupe chaude alors que ça vient de grimper à plus de 30 nds et que j’ai l’écoute de spi à la main ! Un dernier jibe « assuré » et nous voilà en lay line sur le rocher de la Giraglia qui marque l’extrémité du cap Corse.
4 h du matin et après une descente à plus de 10 nds de moyenne on « braque » à droite. Le changement sera radical car en moins d’1 mille on passe de 30 à 4 nds  de vent.
C’est là le début d’un long chemin à basse vitesse.  Les choix sont compliqués car rien n’est prévisible sous le vent de ces hauts reliefs. Faut il serrer la terre oo prendre un peu de distance au large. La question va revenir sans cesse pendant les 30 heures à venir ! Ce sera un yoyo assez usant pour les nerfs et en milieu de cette 2ème nuit un choix à terre (mais pas assez ou trop!) nous coutera cher. Le clapot y est plus fort ce qui rend la tenue du spi compliquée dans ce vent ne dépassant pas les 4 /5 nds.
Nos concurrents sur les Sun fast 3200 attaquent par le large et passent alors qu’on distinguait à peine leurs spis 3 heures plus tôt. On enchainera ensuite quelques bonnes phases jusqu’au petit matin pour revenir devant un bon paquet de « gros rating » mais la « messe est dite » pour la gagne dans notre classe.
Les iles Lavezzi défilent maintenant sur tribord, magnifiques sous le soleil. Dernier bord au près dans un petit médium qui se lève (ça fait du bien de sentir de nouveau le bateau s’animer) pour franchir la ligne après 47 h de course. On va devoir se contenter d’une 3ème place dans notre classe et d’une 8ème au scratch. Difficile de dire que nous ferons mieux l’an prochain tant la part aléatoire est forte dans la partie déventée de l’île.
Mais quel plaisir de naviguer dans un site aussi grandiose avec un équipage sympa et « qui va bien ».

Un grand merci à Fred pour l’invitation et RV l’an prochain, qui sait ?

JP KELBERT

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