Victoire dans 4 classes pour les JPK avec un Jacques Valer au sommet de son art !
Le Fastnet se court habituellement mi-août et je n’avais jamais pu me libérer sur cette période pour participer à cette course mythique.
Cette année, les planètes se sont bien alignées avec une date départ au 3 août, un nouveau JPK 1030 à tester et promouvoir et surtout la disponibilité de mon pote Alexis Loison.
En 2013, le tandem Pascal et Alexis avaient remporté l’Overall ce qui ne s’était jamais fait auparavant et sur les autres éditions le même « Night and day » avait fait 2eme à 15 secondes en 2015 puis gagné de nouveau le double en 2017.
Autant dire qu’avec Alexis comme binôme nous étions « au vent de notre bouée » !
Le 3 aout, nous voici donc au départ de Cowes avec des conditions qui s’annoncent délicates sur la 1ere partie de course puis une 2eme phase plus ventée et avec des angles que notre JPK 1030 adore.
Samedi 3; il est temps de quitter le port de Cowes où notre « Léon » ainsi que « Courrier recommandé » (le 1180 de Gery Trenteseaux) étaient amarrés au ponton d’honneur face au mythique Squadron.
Sur l’eau, des centaines de bateaux croisent en tous sens et le spectacle est ahurissant entre les ultimes, Imocas, Class 40 et les différentes classes IRC.
il faut choisir son côté sur cette ligne très longue en intégrant côté sud l’avantage de la renverse favorable et précoce du courant mais avec le risque par ce même vent de sud de subir les dévents de la terre.
Au final, on partira milieu de ligne et le résultat est plutot moyen car la pression présente côté sud ajouté au courant a favorisé le groupe côté ile de Wight. C’est un peu dans la douleur que nous sortons du Solent sous spi symétrique « étripé » pour serrer le vent au max – le bateau pour la course a troqué sa configuration asymétrique pour une configuration symétrique avec un bout de hors raccouci à 1m pour les voiles de reaching – puis génois. Le spectacle est magnifique aux Needles et rapidement le vent adonne un peu pour envoyer le A3. De suite, ça allonge la foulée et on recolle au groupe de devant mille après mille. Bien sorti du Solent, le SF 3300 « Fastrack » avec ses très grands asymétriques est rapide et vu l’équipe de champion à bord issue de la Volvo Race, on comprend vite qu’on va avoir de la concurrence solide de ce côté là!
A3 puis Asy capelage et enfin le spi runner symétrique pour suivre la tendance adonnante du vent.
Pour l’instant tout est OK et ca glisse bien sur « Léon » avec un retour aux avants postes de l’IRC double mais on se prépare à bientôt cogner dans le « mur » de molle. Il va falloir attaquer cette zone dans sa partie la moins large et anticiper l’arrivée du nouveau vent SO. Les routages donnent une route assez sud mais les fichiers dans ce genre de situation sont à interpréter avec beaucoup de précautions. Alex phosphore depuis un moment car on sait très bien que la course peut se perdre dès cette 1ere nuit et la journée du lendemain.
La transition arrive enfin et la nuit est faite de recalages et d’observations permanentes des autres concurrents à l’AIS pour deviner les veines de vent. Au final, on s’en sortira plutôt bien avec une stratégie sage plutôt centrale pour permettre un recalage éventuel. Le dimanche matin, le vent devient quasi nul et avec les 110 de coef de marée il vaut mieux que cela ne dure pas trop. Le vent rentre enfin très graduellement et nous sommes nombreux en tribord amure à aller chercher la bascule annoncée du vent au Sud Ouest. « Léon » avec son nouveau génois léger est un peu plus véloce qu’en début de saison et on limite vraiment la casse. « Fastrack » est toujours devant à 2 milles mais n’est pas plus rapide et « Raging Bee » le 1080 de Loulou Dussere avec Bruno James est avec nous et revient sûrement. Nous n’avons pas encore de classement et on espère que nous sommes dans le vrai groupe de tête car avec une distribution totale la nuit passée nous ne sommes certains de rien ! Une chose est sûre Noel Racine avec son 1010 « Foggy dew » n’est qu’à 2 milles derrière et il est heureux qu’il ne soit pas dans notre classe avec son rating bien plus bas !
Après quelques pif paf dans les ados/refus, Alex pense que nous sommes dans le bon timing pour virer et faire route vers la pointe de la Cornouaille et les Scillys avec nos concurrents légèrement à notre vent. Pour l’instant nous ne faisons pas le cap mais le vent va poursuivre sa rotation et on veut se faire la « cuillère » par en dessous. Le bord est long, il faut aller vite et régler tout le temps. Ca tombe bien, il y a un figariste à bord (!) et clairement c’est du non stop pour Alex d’ajuster et réguler. Les heures passent et le travail paye car au passage du DST nous sommes revenus proches de « Raging Bee » et « Fastrack » avant d’attaquer une descente de quelques milles à 110° du réel pour parer les iles Scillys.
Il y a 23/25 nds et on décide de vite envoyer notre A3 « magique ». Le bateau accélère fort et nous voilà en babord amure à 12/16 nds à fondre sur nos concurrents. « Fastrack » décide d’envoyer lui aussi son spi de brise et n’arrive pas tenir le cap . On le dépasse sans coup férir tout comme « Raging Bee » qui navigue sous gennaker. Tout cela est de bonne augure pour la suite car cet angle sera celui prévu pour les 150 milles du retour Fastnet … Les Scillys approchent et le ciel est de plomb très menaçant avec on le sait des claques possible au passage du front. Prudents, on décide d’affaler notre A3. 5mn plus tard le vent mollit et nos 2 concurrents qui ont gardé leurs voiles de portant reviennent sur nous. On replie le spi fissa et il est renvoyé à la volée. 10 mn plus tard ça claque à 28/30 nds et l’affalage s’impose et vite. C’est chaud mais le spi rentre à bord sans bobo. « Fastrack » sous gennaker désormais glisse fort mais sous la route tout comme « Raging bee ». La nuit tombe enfin et on attaque sous génois notre immense bord qui nous fera traverser la mer d’Irlande. A 2 h du matin « Fastrack » qui était devant sous le vent vire et croise à 1 mètre ! Alex est tranquille à la barre, moi je le suis moins car difficile d’apprécier les distances de nuit. Je garde l’écoute de GV à la main tellement le croisement est serré ! C’est à ce moment là qu’on glisse définitivement en tête de la course des doubles. Nous sommes au près légèrement débridé et le bateau est facile à faire marcher. Je remplace Alex à la barre même s’il semble pouvoir tenir comme cela 3 jours ! A bord pas de quart pré établi mais un seul objectif, être toujours à à 100% du potentiel. Les heures défilent et on creuse très sensiblement sur les 2 morpions qui s’accrochent ! Le jour arrive et la lumière s’intensifie sur une mer bleue profond et un ciel dégagé.
Autour de nous, il n’y a que des « gros bateaux » et nous jubilons quand on arrive à revenir sur des bateaux de 40 pieds menés en équipage. Ca grimpe à 25/28 nds et nous sommes toujours sous GV haute et J2 à 50/60° du vent. Le bateau est puissant et ca galope. Nous arrivons enfin à la pointe est du DST avec sous le vent la pointe de l’Irlande qui apparait. Pour moi c’est un super moment car je n’ai encore jamais fait de Fastnet et me retrouver là dans ce paysage grandiose avec le phare du Fastnet qui se dessine au loin et les champs de verdure de la pointe irlandaise, tout cela est assez émouvant et avec Alex c’est du vrai bonheur. On loffe de 20° pour parer le phare à 3 milles et nous sommes au près avec un mer assez forte.
C’est la 1ere fois que je navigue dans ces conditions avec le bateau et il marche comme un avion, plus vite, plus haut que le J 121 qui navigue devant !
Le phare mythique approche et l’hélico arrive pour nous filmer. Alex en habitué me dit que c’est bon signe !!
Il a déja vécu ça en 2013 et en 2015 avec Pascal sur « Night and day ». On passe au raz du rocher et c’est magnifique. Je savoure le moment à la barre mais déjà on pense à la suite, au passage de l’angle haut du DST avant la grand bord retour de 150 milles jusqu’aux Scillys. Je passe sur la plage avant préparer le A3 arrisé et ca mouille pas mal. Ca y est le spi est envoyé et le bateau part de suite en surf sauvage. Ca fume et Alex découvre avec le sourire le potentiel du bateau à cette allure. Les gros bateaux qui étaient avec nous sont vite décrochés et la cavalcade commence avec à l’AIS les cibles AR qui disparaissent et les cibles devant qui se déclenchent ! C’est vraiment bon car on marche en moyenne 2 à 3 nds plus vite que les autres bateaux. « Dream Pearl » le 1080 d ‘Eric Mordret apparait à son tour. Il est pour l’instant en tête des IRC 3 mais plus pour longtemps ! Le différenciel de vitesse est tel que 30 mn plus tard nous le perdons à l’AIS ! Seul « Nutmeg » le MC 34, imbattable à ces allures, résiste et nous allons rester proche jusqu’à l’arrivée. La nuit tombe et on se relaye à la barre. C’est juste jouissif de barrer le bateau qui reste super fin à placer sur les vagues avec le bon angle. A un moment, ça grimpe à 35 nds et l’adrénaline grimpe encore faisant oublier toute sensation de froid car ça mouille fort sur le pont et je suis trempé jusqu’au slip ! 22.5 nds sera le record surface du bateau ! 7 h après le Fastnet nous avons déja parcouru 90 milles quand le brêlage de l’anneau du bout dehors cède. Le spi claque derrière et il faut vite le ramener à bord car ça souffle à plus de 30 nds. Pas le choix, on lâche totalement la drisse de capelage et le spi chalute derrière. Tenu par un seul point, on arrive à le hisser à bord. Bon dommage car on devait garder le pépin encore 2 h pour finir loffé sous génois. Ca marche quand même sous J2 et au petit jour les Scillys sont déjà là apparaissant dans la boucaille.
Le DST est paré et on se retrouve de nouveau avec un angle spiable. Le A3 est en l’air et la cavalcade reprend à 130° du vent par 25/30 nds. On rattrape « Codiam », « Pintia » et une floppée d’IRC 1 qui semblent un peu posés ! Le vent adonne comme prévu et on troque le A3 pour le S2. Le spi tout neuf en 0.75 nous fait peur dans les grains à 28/30 nds mais Alex gère la barre et régule tout seul son spi. Au cap Lizard, le réseau permet de récupérer un classement. C’est bon !! Plus de 30 milles collés cette nuit à nos concurrents directs, je n’en reviens pas ! Le vent se calme un peu, ça fait du bien mais ça joue contre nous pour l’overall qu’on sait déja gagné par le Volvo 70 et aussi le Mach 45. Gery sur « Courrier recommandé » est 5 eme Overall et loin devant les autres IRC 2 (2 autres JPK 1180 avec « Nutmeg » intercalé) et on peut encore aller le chercher !
La fin de course est clémente avec le retour du soleil et 20 nds de l’arrière. Les cirés sont enlevés et j’enfile une tenue sèche, le bonheur. Dernière layline, Alex est parti faire une mini sieste et il est difficile de le réveiller. C’est vrai qu’il a dû dormir 2 h en 3 jours ! On rattrape un XP 46 mais sur le dernier « faux jibe » avec tangon sous le vent on voit le spi se déchirer sans savoir comment! Il reste 2 milles qu’on avale sous génois/GV. Ca y est la ligne est franchie et c’est top, on peut être fiers de nous .
Un immense bravo à Jacques (Valer) qui s’est surpassé cette année avec ses dessins aux 1eres places en IRC 1 (proto Millon 41 de Jacques Pelletier), en IRC 2 (Gery), en IRC 3 (« Léon »), en IRC 4 (« Foggy dew ») et en IRC double (« Léon ») ! Avec le 1030, il nous a dessiné un bateau hallucinant pour le off shore .
Un immense merci à Alex qui s’est donné sans compter et m’a donné une belle leçon de voile.
Et un grand bravo et merci à tous les équipages de JPK qui ont trusté les podiums.
JP
Leon surf to victory in IRC 3 and 2 handed
Voiles et Voiliers. Les français raflent la mise