La Rolex Middle Sea Race est souvent considérée comme le « Fastnet de la Méditerranée » et n’aura pas failli sa réputation cette année encore.
Les JPK sont encore venus en force : deux 1180, deux 1080, deux 1030 , un 1010 et même un 45FC tout neuf faisant une halte à Malte entre Lorient et l’Australie !
Ludo Gérard « Solenn for Pure Ocean » JPK 1080
Avec mon fidèle 1080 « Solenn for Pure », après un convoyage express et non stop en solo (moins de 4 jours à plus de 7 nds de moyenne !), j’arrive arrive au Royal Malta Yacht Club. Pour finir une saison en solo et en double, dans l’optique de la transat Cap Martinique 2022 en double, j’ai décidé de courir la Middle Sea en duo cette année, avec Nicolas Brossay qui sera aussi mon équipier pour la transat. Après une 2ème place en IRC6 en 2018 et une victoire en IRC6 en 2019, en équipage, l’objectif est de finir sur le podium à nouveau dans notre classe.
L’accueil au RMYC est toujours aussi chaleureux, heureusement car coté météo nous ne sommes pas gâtés cette année avec une dépression qui s’installe au sud de l’Italie et Malte et apporte son lot de pluie et vent pour une dizaine de jours. Cette édition s’annonce ventée et humide, les records devraient tomber , notamment grâce aux maxis présents : Comanche, Rambler, Skorpios etc.
Les départs s’enchainent samedi 23 octobre à partir de 11h , c’est toujours aussi magique dans Grand Harbour de la Valette : sous les fortifications et aux coups de canon ! Nous voila partis avec les IRC6, direction Capo Passero et Syracuse en Sicile. Un flux de 20 nœuds de Nord Est nous y emmène assez rapidement, la flotte s’étale et c’est le moment aussi où les plus grands nous rattrapent, voici à gauche Comanche, à droite Skorpios puis les autres machines de guerre TP52, Ker etc
La mer commence à bien se former, le vent ne mollit pas et nous approchons rapidement de Messine avec 30 nœuds de vent d’Est. L’ETNA restera caché dans les nuages, décidément je n’arriverai pas à le voir, les fois précédentes nous étions passés de nuit ! Nos amis et voisins de ponton sur Jubilee doivent abandonner hélas sur problème avec la cale d’étambrai du mat, nous les retrouverons à Malte.
Nous passons Messine en jouant dans des vents légers et un peu erratiques, et bien sur dans les courants et contre-courants et nous sortons dimanche en fin de matinée, direction le Stromboli à plus de 10 nœuds au petit largue, par un vent d’Est soufflant à 30 nœuds.
S’ensuit une belle glissade au portant vers Favignana à la pointe ouest de la Sicile. Nous décidons d’envoyer le spi lourd S4 après avoir arisé la grand’voile, et le bateau s’envole, nous filons à plus de 15 nœuds, avec des pointes à 20 nœuds, doublons quelques bateaux qui ne spient pas. Le vent soufflant plutôt à 40 nœuds, nous décidons d’affaler puis d’empanner pour nous recentrer sur la route. Babord amures, nous tentons d’envoyer l’asymétrique lourd A5, mais la sanction est immédiate avec un départ au lof violent, impossible à rattraper sans affaler le spi. Nous voila calmés pour quelques heures ! Le nord Sicile sera encore piégeux avec un vent mollissant et tournant de manière inattendue, la nuit s’avère assez longue avec beaucoup de manœuvres et peu de sommeil. Petit temps pour le passage des iles à l’ouest de la Sicile, et c’est quasiment un regroupement pour la flotte avec les IRC 5 et 4 aussi … Le vent finit par s’orienter secteur Nord 20 nœuds et c’est sous grand spi que nous glissons vers Pantelleria et puis Lampedusa.
La fin de la course s’effectuera au près par 20 nœuds de vent et une mer très formée, surtout sur la côté Nord de Malte. Arrivée dans la nuit de mardi à mercredi, c’est l’édition la plus rapide pour Solenn for Pure Ocean !
Au final, nous finissons 1er réels des doubles, 2ème en compensé derrière le jpk 1010 Jangada, un duo anglais qui a très bien navigué et qui est bien revenu à la faveur de la molle à l’ouest Sicile, et 5eme des IRC6.
Un bilan plus que positif, le bateau va toujours aussi vite en course au large, et nous avons encore progressé dans la maitrise du bateau par vent fort. Cette course est dure et engagée, en double encore plus : nous n’avons pu dormir au mieux que par quelques tranches d’une heure ou 20 minutes, impossible de faire des quarts de deux heures sur cette course. Beaucoup de temps à la barre aussi, mais ça après la panne du pilote au Fastnet cet été, je commence à avoir l’habitude !
Bilan top aussi pour le chantier avec :
En IRC5 :
1er : Sunrise , 1180, qui manque de peu l’overall (long débat sur le changement de ligne d’arrivée à cause du très mauvais temps à l’arrivée….)
2ème : Rossko Racer,1180
En IRC6 :
1er : Foggy Dew, 1030
2ème : Bogatyr, 1080
3ème : Jangada, 1010 – aussi 1ers en double
5ème : Solenn for Pure Ocean, 1080 – 1ers en réel double, 2ème double
En ce qui nous concerne, l’hiver va être consacré à continuer à nous préparer pour la Transat avec des petites navigations offshore et des stages météo et stratégie, dans l’optique de la transat Cap Martinique.