Récit de Marc Alpérovitch proprétaire de « Timeline » JPK 1080
Première double offshore. Notre saison RORC commence par une victoire. C’est assez inattendu. Cette première course en double de la saison s’est donc soldée par une victoire. Sincèrement, c’est une surprise.
Il y avait beaucoup d’inconnues. Jérôme et moi étions des barreurs (ou parfois GV dans mon cas) dans nos configurations en équipage. Lors du Spi Ouest-France où le bateau avait déjà fait un résultat correct, Jérôme avait aussi essentiellement barré. Là, c’était terminé, il fallait que l’on se débrouille tous seuls.
La sortie du Solent s’est assez bien déroulée. Le bateau va vraiment vite au près dans le petit temps et le medium. J’avais suivi un atelier de l’UNCL 48 heures avant avec Nicolas Lunven sur le Fastnet. J’ai donc fait comme il le recommandait en cherchant l’axe du chenal avant la renverse puis les sondes plus faibles ensuite. On a continué à aller vite jusqu’à Swanage où nous sommes 2ème au moment de commencer à tricoter le long des falaises. Malheureusement, arrivés à la pointe, nous déralinguons. On a mis trop de temps à comprendre ce qu’il fallait faire pour affaler (se mettre au vent arrière et empanner). Entre les deux positions ci-dessous où nous avons progressé d’un demi mille, il s’est écoulé 24 minutes.
Nous avons réussi « à nous refaire » très rapidement en nous éloignant du bord. De notre point de vue, à Saint-Alban la renverse n’avait pas eu lieu, le maximum de courant était donc à la côte avec en plus une mer difficile. Nous avions prévu cela dès la veille. Si nous avons été absolument les seuls à le faire, c’est probablement que quelque chose n’était pas juste dans notre analyse. Il s’avère que cela a marché comme on le voit ci dessous, l’écart avec Raging Bee et Bellino s’est énormément réduit.
Ensuite, nous avons re-déralingué sur le banc de Portland Bill. Forts de notre expérience d’une heure avant, nous maitrisions mieux la technique pour récupérer le genoa. Par ailleurs, on devait avoir 6 nœuds de courant avec nous. La situation a été vraiment scabreuse car cela secouait beaucoup, mais nous avons perdu beaucoup moins de temps que sur la fois précédente.
Durant la nuit, de Portland à la fin de la baie de Salcombe, il ne s’est pas passé grand-chose, Bellino et Raging Bee étaient devant nous et les écarts n’ont pas beaucoup varié. Nous avons fait une mauvaise baie de Plymouth, nous n’avions d’ailleurs aucun projet tactique pour cette baie. Bellino et Raging Bee passent Eddystone avec 2 milles d’avance.
Le retour s’est bien passé. Là encore, notre choix de faire un tout droit correspondait à notre routage et était différent de celui de nos concurrents directs (mais pas de toute la flotte cette fois) et quand Bellino et Raging Bee recroisent devant nous ils sont moins d’un mille devant. Nous avons eu l’impression que Raging Bee n’avait pas le bon spi quand il nous a recroisé, il a probablement eu un problème entre temps. A la fois sur la vitesse et un peu sur les trajectoires nous finissons par repasser Bellino et remporter la manche
Durant cette descente , le vent est rentré un peu au délà de 20 nœuds. Nous avons passé 3 empannages sous spi de tête dont le dernier dans pas loin de 25 nœuds au large de Portland Bill m’a demandé de prendre un peu sur moi pour y aller. En fait, Jérôme n’a pas besoin de tangon pour garder un Spi dans l’axe. Du coup, cela se passait bien. J’ai pu faire mon travail à l’avant, inquiet, mais sans trop de difficultés. C’était notre première régate, il faut que l’on s’habitue un peu à ce nouveau sport.
Voilà pour le récit.
Si on prend un pas de recul, en double ou en équipage, en inshore ou en offshore, tout commence par aller vite. Si on ne va pas vite, on ne fait pas la course. On a donc tenté d’oublier notre ancienne vie de barreurs et d’être vraiment rigoureux sur les réglages en étant tout le temps dessus. Nos voiles North étant de vraies réussites, si on travaille bien on se retrouve à être performants en vitesse. Ensuite, une fois que l’on va vite, la tactique fait la course. C’est intéressant de constater que lorsque l’on avait un projet tactique bien compris, du départ à Portland Bill et sur le retour, alors nous avons fait les bons choix. De Portland à Eddystone, on n’avait aucune idée, pas de vrai projet, et c’est là que nos camarades nous ont lâchés. Nous savons au moins quelle zone nous devons travailler…
Ensuite, il y a le résultat. C’est satisfaisant de se dire qu’on a été capables, une fois, de gagner une course en double. Inversement, cela arrive un peu vite. Je crois aussi qu’il y aura une différence de niveau entre les courses préparatoires et le Fastnet. Sur cette manche, il y avait 4 ou 5 bateaux compétitifs dont un a probablement eu un problème matériel. Au Fastnet, de nombreux bateaux français compétitifs seront présents. L’objectif d’être dans les 10 est inchangé.