Joli doublé des JPK 1030 et carton plein pour le chantier !
Avec 72 IRC double au départ, l’Armen Race 2023 se présente au mieux ce jeudi 18 Mai de l’Ascension au start départ à la sortie du chenal de la Trinité sur mer.
Au menu 310 milles à parcourir dans des conditions qui s’annoncent top avec très peu de près , du reaching et du portant un peu venté pour descendre jusqu’à l’île d’Yeu depuis les 2 fameuses bouées UShip mouillées à la verticale du du phare d’Armen à la pointe bretonne.
Le plateau est relevé car depuis quelques années ce RV est devenu incontournable pour tous les amateurs de double entrainés à fond avec les programme type transquadra/Cap Martinique (et autre parcours cotiers et off shore) qui sur une course de 300 milles trouve un format idéal .
Sur Léon, je fais équipe avec mon pote Philippe Péché qui a une expérience assez dingue de la course au large. Des années à naviguer sur des maxi multi ( Il était sur Team Explorer lors de la fameuse course The Race ) mais aussi en solo avec le Global challenge, fameux tour du monde sur des voiliers anciens navigant au sextant, Philippe est une mine d’or…
En revanche il pose pour la 1ère fois le pied sur mon Léon, on va donc devoir s’accorder très vite…
Parmi les concurrents tout le monde redoute le fameux Lann Ael de Didier Gaudoux, un proto de 10.70 m extrême de construction et de plan architectural commun entre Sam Manuard et Bernard Nivelt . Le bateau est très léger, très puissant, très toilé mais surtout, il vient de gagner de façon impressionnante le dernier Spi Ouest France devant tous les cadors de la discipline double !
Les Rochelais sont également là, nombreux, avec leur leader Alex Ozon, double vainqueur des dernières transat solo Transquadra et Cap Martinique ( J’en sais quelque chose je termine derrière !), tout comme les meilleurs Trinitains, Lorientais etc…
14h20 le top est lancé avec un départ au lièvre où il ne faut pas se faire piéger !
30 mn plus tard nous sommes dans les 3 premiers à la bouée de la Teignouse et la flotte s’étire derrière nous. So far so good….
Le vent est dans l’axe du parcours pour l’instant mais on attend de la rotation à droite pour remonter jusqu’à la pointe de Penmarch .
Ça tricote au près en privilégiant la droite (coté bascule attendue) mais en évitant les dévents des flottes parties devant. Un dernier recalage à gauche nous coûte cher car sous le vent le groupe au raz de Quiberon, en pointe sur nous, touche le nouveau vent dans un meilleur timing .
Tout le monde est en tribord amure et rapidement les code 0 fleurissent sur l’eau. Nous sommes partis pour une course de vitesse et sur Léon on attaque sous spi plat avec notre A5 fétiche mais l’angle est un poil serré pour être « mieux » que les autres ! Les heures passent, on règle en permanence, on suit de près les variantes de speed à l’AIS de nos concurrents. Pas de surprise les meilleurs sont tous là et cela risque de durer avant que la course par élimination ne débute ! Le vent refuse, on affale la bulle et on essaye le code 0 qu’on nous a prêté pour suivre cet angle plus serré.
Il fait nuit, les Glénans sont derrière et le repas déjà avalé (Merci à mon pote François V pour les paupiettes aux champignons , un régal !) . On voit bien que nous sommes dans le dur coté speed avec cette voile car devant ça part et derrière ça revient . On reste zen mais ça chauffe dans le casque ! Clairement cette voile est ratée car 1 h après l’avoir envoyé on la roule de nouveau pour gagner 1 nds sous génois !
A la bouée Uship qui marque le haut du parcours avant le retour vers l’ile d’Yeu, nous sommes 10/15 mn derrière le groupe de tête emmené par Alex Ozon qui fait équipe sur le bateau de JF Hamon (Un habitué des meilleures places sur son Sun fast 3300) Mary, Pilou, Blue Skies tous des JPK 1030 sont devant nous et nous passons la marque avec Juzzy (Aussi un 1030) de mon ami Thomas (Bonnier) aidé par le doué David Prono.
Lann ael fait une autre course avec un rating très haut et est déjà 40 mn devant ce qui en compensé le place dans le top du groupe.
La stratégie retour est intéressante car les routages montrent qu’il faut accepter de naviguer 20° sous la route pour garder plus de pression mais cela fait pas mal de milles en plus . Sur Léon on décide tout comme Juzzy de naviguer à l’angle le plus rapide de notre maxi A2 ce qui nous écarte pas mal sous le vent de la route en attendant la rotation progressive gauche qui devrait nous ramener sur une route plus directe. En gros la louche par l’extérieur !
Les heures défilent et ça attaque dur quasi bord à bord avec Juzzy, c’est génial et le bateau déboule à 12/15 nds en permanence. Le gros de la flotte navigue plus haut et moins vite pour tendre la trajectoire et réduire les milles en trop mais notre compromis est meilleur c’est sûr.
Le vent tarde à prendre de la gauche et on gamberge à bord car on s’écarte toujours pas mal de la route. Juzzy finit par « craquer » et affale son spi maxi pour le troquer par son plus petit A4 . Il loffe de 20° et nos trajectoires s’écartent .
Devant, dans l’axe, un spi rose apparait, c’est bien Festa d’Alex et JF. C’est doublement bon car on revient sur eux et ils ont la même stratégie que la notre ce qui rassure ! A la barre on se relaye régulièrement avec Philippe pour exploiter au mieux le bateau . Le vent adonne régulièrement et nous amorçons la belle courbure pour bientôt viser L’ile d’Yeu. Le spi rose se fait de plus en plus gros et on recolle enfin à Festa. Bord à bord sous spi bien serré c’est grandiose avec ce soleil et cette mer qui scintille. On prend le dessus juste avant l’ile d’Yeu qui est contournée par son EST au ras des cailloux. Les positions révèlent que nous sommes virtuellement en tête en compensé devant Festa et Lann ael, c’est top ! Les écarts sont importants, le trou est fait et je dis à Philippe, c’est simple, Festa doit rester derrière et la course est gagnée pour nous. Erreur !
Nous passons l’ile d’Yeu avec peu d’air et le régime de NE pas encore en place .
8 nds de vent, clapot, nous ne sommes pas bien rapide mais un peu mieux que Festa que nous marquons à la culotte dans ce début de remontée vers la trinité. La nuit tombe, Festa est 0.7 mille derrière, ca se profile bien surtout que le vent s’établit et forcit . Il faut négocier ASN2 puis Sud Guérande, éviter les zones d’exclusions et le champs d’Eoliennes, c’est difficile d’aller dormir mais je suis cramé et je vais m’assoupir un moment. Philippe gère nickel et je dors un peu.
30 mn plus tard je rallume l’écran de l’ordi et là, stupeur, je vois à l’Ais que Juzzy est là, quasi bord à bord avec nous !!
PAS POSSIBLE il avait 30 mn de retard à Yeu !
Mais pas de doute c’est bien lui qui a réussi à se glisser dans un trou de souris et surtout à profiter de l’enchainement parfait de la rotation du vent à la fois plus fort au passage de l’ile et en poussant à fond son bord à terre pour y trouver un angle 20° plus favorable . Un hold-up ou un coup de génie !
Je sais déjà que « c’est mort » pour nous car Juzzy a moins de rating que Léon et qu’il nous faudrait reprendre 20 mns sur moins de 20 milles avec un bord tout droit et un vent établi .
Le moral en a pris un sévère coup et on trouve le bord final forcément plus dur et plus long surtout que ça souffle assez fort entre 20 et 25nds en mode « bord de sangliers » au bon plein sous génois/ GV / et ballast à fond .
Top d’arrivée Juzzy et Festa 5mn derrière. Devant, Lann ael a mangé son chapeau dans le bord retour de l’ile d’Yeu à la trinité avec un vent dans le nez quand toute la flotte derrière a tracé droit avec le NE.
Passé le petit moment de déception (car on se voyait bien la claquer celle là et que ca fait 3 fois que je fais 2ème à l’Armen !) on refait la course avec les copains dans la tente d’arrivée .
Franchement quelle belle course (merci à la SNT pour cette organisation parfaite), dans des conditions parfaites et une intensité de fou !
Pour le chantier c’est encore plus dingue avec 9 bateaux dans les 10 premiers dont 5 JPK 1030 !
En IRC équipage, Karavel ,le 1080 de frédéric Nouel, remporte sa 1ère course et c’est top !
Dans cette classe IRC 2 équipage c’est là aussi un podium 100% JPK avec « les p’tits doudous » et « Delnic » , 2 JPK 1010.
Avec tous ces résultats on se demande maintenant ce que notre « sorcier » Jacques va nous sortir du chapeau pour faire mieux !
Perso j’ai ma petite idée !
