Le Bol d’Or d’ « Eole7 » JPK 998 ACVL

Par Maxime BALLANFAT, son propriétaire

Eh oui, le chantier JPK a récement construit un 998 un peu particulier, clairement boosté, adapté aux conditions de vent du Lac Léman.

Si la carène reste identique aux 3 unités produites par le chantier, le mât, la baume (le grément en général) et les aménagements (gain de poids) ont été revus.
Avec 2580 kg (gain 120kg), un tirant d’air de près de 14m50 (plus 1.50m) environ 72m2 de voiles au près (gain de 6 m2), un spi de tête de 145m2 (+ 35m2) et des barres de flêches boomerang, le 998 ACVL a fait le pari de trouver le compromis entre performance, maniabilité et rating ACVL (la jauge du lac Léman) acceptable.
Sorti du chantier au début du printemps, il a touché l’eau douce alors que la neige coiffait encore tous les sommets environnants.
Rapidement, nous nous sommes mis au travail, règlage du mât, adaptation de la tête de mât, essai des voiles (design voiles Gauthier en membranes Trilam).

Premiers entraînements, premiers constats, il va vite, y compris dans le petit temps (peu de surface mouillée) et ne souffre pas vraiment de la comparaison avec les unités dessinées expressément pour le lac. Dès que le vent monte, le bateau se pose et se met à cavaler, il faut cependant une certaine poigne pour affaler la grosse bulle (généralement l’affalage se fait au vent).
Un des moments incontournables pour tout régatier Lémanique est le traditionnel « Bol d’or Mirabeau ». Départ Genève, une marque de passage au bout du Lac et retour Genève, le parcours restant entièrement libre. Le tout pour une distance théorique d’environ 75 miles nautiques.
500 bateaux au départ y compris une flotte d’une trentaine de multicoques (11 unités de D35 et 18 unités de M2) et pour toutes les séries (4) un vrai bon niveau parmi les premiers.
Nous avons eu droit a un vrai départ de pétole, rien, ou si peu, que même avec une ligne avancée de 200m sur nous, les multis nous ont attendu. A chacun de jouer sa partition pour trouver « La » risée qui tue, le souffle qui te permet de sortir du tas…
A ce petit jeu, nous n’avons pas été très bons et il nous a fallu presque 3 bonnes heures pour pouvoir enfin toucher les airs attendus. Nous avons fait un mauvais choix initial de positionnement sur le plan d’eau et cela se paie cash, cher…très cher.
Par contre une fois le Séchard venu (vent Nord Nord/Ouest) notre 998 ACVL a commencé à remonter, encore et encore. La gestion des transitions (hé oui, nous en avons aussi) s’est plutôt bien passée, ce qui fait que nous nous sommes retrouvés à mi-parcours (20h15) pas au top, mais nettement mieux que vers midi….
Comme il se doit sur un lac de montagne, nous avons eu droit à un orage. Pas l’orage fou, non du vent fort (25noeuds), mais raisonnable. Une orientation toute autre (vent Est Sud/Est) et là, c’est vraiment sympa avec notre 998, grand spi et en avant on lâche les chevaux, quand ça devient vraiment trop pointu (il lui en faut), on passe au génois et au reaching, la cavale continue. Ce qui était sympa avec cet orage c’est que la cellule était large (St Gingolph/ Evian) et que la traîne restait assez ventée pour nous amener en vue d’Yvoire.
Bien entendu, la nuit était tombée et occupés que nous étions à faire marcher le bateau, nous avions perdu de vue nos concurrents. Etaient-ils devant ? De quel côté du plan d’eau ?
Entre grains, passages de pétole, changements de voiles répétés, nous avions Genève en vue. Nous nous sommes fait dépasser par deux grosses unités 36 et 40 pieds et nous nous sommes dis qu’ils avaient dû « ramasser » fort dans l’orage pour être encore là. Les derniers miles sont longs, très longs, pas ou peu de vent et la fatigue qui commence à se faire sentir. Bien entendu, pour ne pas déroger à la règle, on ramasse de temps en temps des coups de vents qui nous réveillent (de rien à 15 nœuds, ça fait un gros changement soudain, et la voile n’est pas toujours adaptée).
Peu importe, on franchit la ligne à 4h18 sans savoir exactement notre position.
En rentant au port un indice sympa s’offre à nous : les places « visiteurs » sont largement libres.
Rangement du bateau et direction le club house (que dis-je) : à « La société Nautique de Genève » (Club détenteur de la coupe de l’America à 2 reprises quand même) pour une méga bière bien méritée. Un coup d’œil au tableau d’affichage (résultats en temps réels, car tous les bateaux sont équipés de balises de positionnement GPS) et nous constatons que nous sommes alors 7ème de notre classe et 30 ème monocoque !
La bière est franchement meilleure après ça.
Résultat final 6 ème monocoque toutes classes confondues en compensé et 29ème au scratch….
Pour son premier Bol, notre 998 Eole7 a fait parler de lui et nous, nous nous sommes éclatés. Sympa de semer le trouble avec un bateau Breton sur notre lac Franco/Suisse !
Maxime

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