L’épisode orageux “Arcus” vécu à bord du JPK 45 – Chien Fou

Mi aout dernier “Chien fou” le JPK 45 de Jean Christophe Bourgeois se fait cueillir par l’épisode orageux ultra violent baptisé “Arcus” et ses 118 nds à la sortie de Cargèse .

Sidération puis sang froid pour éviter le drame .

L’histoire se termine bien et l’expérience mérite d’être partagée par tous.

 

Voici le rapport de mer de Jean-Christophe :

Le 18 aout 2022 après avoir dormi au mouillage dans la baie de Menasima au sud de Cargèse, nous sommes partis tôt en direction de Calvi, le vent étant absent, nous étions au moteur avec Ia grand-voile arisée au premier ris comme souvent au moteur pour que la voile ne touche pas le pataras quand elle est bordée plat.

 

Mer calme, ciel chargé…

Un équipage réduit mais connaissant bien le bateau puisqu’en croisière ensemble depuis un mois

 

Du mauvais temps était prévu pour le lendemain et nous avions choisi d’aller nous abriter à Calvi dans l’attente de traverser avec une météo plus favorable.

 

Nous étions au large des côtes quand je suis rentré dans le bateau pour faire du café.

Le bateau s’est mis à gîter de façon complètement anormale et ma femme m’a appelé en hurlant, je suis sorti, le bateau était couché sur l’eau à cause d’un vent soudain et extrêmement violent.

 

L’eau salée projetée par un vent cataclysmique nous giflait le visage et il était impossible de tenir debout ou même d’y voir, Ia bôme était sous l’eau et les vagues passaient par-dessus le dog house en dur, on avait l’impression d’être dans un tube de surf… eau bleue et profonde. En un temps record la mer s’est déchainée et nous avons eu beaucoup de mal à prendre le ris N° 2 et le ris N° 3 parce que la bôme coinçait les drisses et bosses contre le mat.

L’anémomètre affichait alors 118 nœuds !

 

James et moi étions concentrés sur la manœuvre du bateau pour échapper au coup de vent, Magali était désemparée et hurlait sa panique et sa peur, elle essayait d’appeler des secours qui de toutes façons n’auraient en aucun cas pu nous aider !

 

Rien ne pouvait plus tenir en place et les objets tombaient par terre et glissaient dans l’eau par l’arrière. Les vagues arrivaient à remplir l’arrière qui, compte tenu de Ia gîte, ne pouvait se vider. Toutes les commandes du moteur étaient sous l’eau.

James est tombé et s’est rattrapé de justesse pendant que j’étais pendu par une main, la tête coincée contre le bimini pour essayer de suppléer au pilote perdu, et bien sûr… en short et pieds nus !!

Le bimini s’est arraché, j’ai coupé la ligne de traîne pour minimiser les ennuis ainsi que les bouts de bout du lazy jack qui n’avaient pas résistés au vent, le lazy bag était en lambeaux, la structure du bimini complétement coincée sur l’arrière tribord au milieu de Ia barre et la grand-voile tapait contre la mature et les haubans en se déchirant petit à petit.

Malgré le moteur à fond, nous n’arrivions pas à virer de bord pour partir en fuite vers Ajaccio C’est alors que le moteur s’est mis à sonner !

J’ai été oblige de le stopper pour éviter de le casser.

Finalement on a réussi à virer après avoir mis en place un bout de trinquette qui battait dans tous les sens et nous sommes partis en fuite avec 53 nœuds de vent trois quart arrière vers les sanguinaires… dans une mer démontée et courte.

 

A l’intérieur du bateau c’était le chaos, l’eau de mer avait pénétré par le hublot du roof. Quand Chien fou s’est couché, le grille-pain en tombant avait ouvert l’eau de l’évier qui s’est répandue partout ! un imbroglio d’objets divers et variés passait d’un bord sur l’autre, Ia machine à laver était sortie de son emplacement, les tiroirs de la table à carte explosés et vides au beau milieu du bateau, les plats du four en travers dans le carré, la bibliothèque en balade dans les fonds et tout ce petit monde dansait sauvagement au rythme des vagues endiablées.

Tout le liquide de refroidissement du moteur était parti…doux mélange…

Plus de carte ! L’ordinateur avait rendu l’âme !

 

Impossible de rester dedans, le sol glissait pendant que le bateau gîtait bord sur bord, on a essayé de sécuriser le maximum de choses… en vain !

A l’approche des Sanguinaires quand j’ai remis le moteur en marche pour le tester il s’est instantanément remis à sonner !

La mer s’était calmée et le vent avait disparu.

Choqués et heureux d’en être sorti.

 

Compte tenu des prévisions de vent pour la fin de journée qui annonçait une reprise violente, nous avons rappelé les secours pour être remorqués vers le port d’Ajaccio.

Ils sont arrivés plus ou moins une heure plus tard et nous ont pris en remorque, direction le port d’Ajaccio, leur zodiac est tombé en panne de moteur… vite réparé.

 

Malgré la situation, le port étant encombré, nous n’avons pu avoir une place que deux heures après !

Une journée bien remplie que personne n’oubliera de sitôt, 115 interventions de la SNSM, 50 bateaux à la côte rien que sur Girolata…

 

Pendant une semaine on a assisté au retour de nombreux bateaux démâtés, sous I ‘eau, tenus par des bouées, les balcons arrachés, des coques martyrisées et irrécupérables,

et bien sûr la solidarité des marins qui réchauffe le cœur.

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