RORC Carribean 600

L’After de Raging Bee

Après une TQS décevante, Raging Bee avait la gueule de bois : Quoi de mieux pour s’en remettre qu’un bon « after » ?

La TQS étant à oublier sur le plan sportif nous souhaitions rapidement renouer avec la victoire et à cet égard la 600 Caraibbean du RORC revêtait une grande importance à nos yeux.
Avec son parcours magnifique slalomant au milieu des îles antillaises la 600 du RORC pourrait apparaitre comme une sympathique balade. Il n’en est rien puisque ces méandres sont en fait une série de 12 sprints dans lesquels il faut rechercher en permanence la « V » Max et qui amènent beaucoup de manœuvres vite épuisantes sous la chaleur surtout en équipage réduit. De plus le niveau est élevé avec une flotte de 66 bateaux de 11 nationalités différentes et la participation de nombreux champions parmi les équipages (anciens de la Volvo-Ocean-Race, de la Coupe de l’América et même quelques Champions du Monde).
Titi retourné à la mine, c’est avec Eric Leroy, autre marin cherbourgeois émérite avec qui je courrai le Fastnet en aout prochain, que je participe à cette course. Le départ est donné lundi 23 février à 11h00 Lo devant l’entrée d’English Harbour. L’alizé est établi à 20Nds et le premier bord de près jusqu’à la pointe Est de l’île est pimenté par l’arrivée d’un grain sous lequel le vent monte à 30Nds. On est tout de suite dans le dur d’autant plus que le pilote automatique nous lâche : il faudra s’en passer tout le long des 4 jours de régate…
La remontée vers Barbuda se fera dans ce vent soutenu sous Code 5. Puis empannage et envoi du grand spi de tête pour un bord vers Nevis. Toujours sous spi de tête et dans un vent mollissant et tournant Sud-Est, nous longeons ces îles sous le vent jusqu’à Saba que nous atteignons au petit matin.
A ce stade de la course, au matin du 2ème jour, nous sommes bien placés seulement 2,5 Milles derrière « Redshift » Sun Fast 3600 (il s’agit en fait de « Yolo » qui a été loué pour cette course à un équipage anglais) et 2 Milles derrière « Intuition » un Reflex 38 mené par un équipage russe. Nous sommes loin devant « Zarafa » (Hod35), concurrent que nous redoutons particulièrement pour bien le connaître (nous l’avions battu lors de Cowes Week 2013) très rapide près du vent mais qui est beaucoup moins à l’aise que nous au portant.
Toute la 2ème journée se fera au portant dans un vent de 12Nds de secteur SE.  Yolo et Intuition, très à l’aise dans ce médium, s’échappent alors que nous maintenons l’écart avec Zarafa. Nous naviguons bord à bord avec « Profile » un First 40.7 avec lequel nous jouons à saute mouton : il nous servira de lièvre tout le long de la régate puisque nous ne le quitterons plus jusqu’à l’arrivée.
Durant la nuit nous faisons le tour de St Barth et de St Martin par le Nord et au matin du troisième jour nous entamons le grand bord (160 Milles) qui doit nous mener jusqu’en Guadeloupe. Le vent a repris des tours et s’établit à 20Nds. De plus il a tourné ENE ce qui nous permet de débrider : on pourra peut-être limiter les dégâts sur ce long bord par rapport à Zarafa qui va beaucoup plus vite que nous au près serré.
L’ile de Montserrat avec son volcan en activité (spectacle magnifique) est pile au milieu de la route et compte tenu de sa faible étendue et de son relief modéré (faible dévent) nous choisissons de passer sous son vent : nous évitons ainsi de trop pointer pour passer au vent. Zarafa très logiquement passe au vent mais au final à l’atterrissage en Guadeloupe si l’écart s’est réduit, nous restons devant. Yolo et Intuition ont choisi également de passer au vent et se sont échappés : ils sont maintenant hors de portée AIS.
Avant la course nous avions questionné les figaristes du pôle Guadeloupe quant au dévent de cette île : pour un passage de jour, il nous avait été conseillé de tirer à terre. Nous appliquons à la lettre allant même chercher des risées à la plage. Tactique payante car Yolo et Intuition qui ont tiré au large se voient stoppés pendant trois heures dans le dévent : au passage des Saintes ils ne sont plus que 2,5 milles devant nous mais nous avons Zarafa sur les talons…
Cette nuit au près entre Les Saintes et La Désirade est marquée par un vent forcissant à plus de 20Nds dans une mer croisée : épuisant. Au petit matin nous pouvons enfin abattre pour un long bord vers Barbuda. L’angle est serré et nous hissons le Jib-Top. Après 30’ le vent adonne et forcit. Alors que la flotte reste sous voiles plates nous envoyons le Code 5. Entre 20 et 25Nds de vent à 120°/130°TWA : ça le fait ! Hélas le vent refuse à nouveau et après une heure nous sommes contraints d’affaler et de renvoyer le Jib-Top. Ce sera la voile qui nous accompagnera jusqu’à Redonda, dernière marque avant l’arrivée que nous atteignons après un bord de près serré. Zarafa qui est resté dans notre ombre jusqu’à Redonda nous passe logiquement lors de ce dernier bord de près serré.

Epuisés, nous remportons au final le classement double et terminons 3ème du classement IRC3 derrière Redshift et Zarafa ce que nous considérons comme une bonne performance eu égard au fait que nos concurrents naviguaient en équipage, aux conditions rencontrées (beaucoup de près et très peu de spi) et surtout eu égard à la défaillance du pilote. D’ailleurs Nick Cherry, figariste émérite et tacticien de Redshift, vainqueur en IRC 3, nous rendait hommage à l’arrivée  « Nous sommes ravis d’avoir gagné dans une classe aussi disputée contre des bateaux comme Zarafa et Raging Bee… C’est un endroit magnifique pour naviguer et la course est faite pour pousser marins et bateaux dans leurs derniers retranchements. Nous reviendrons de nouveau sans aucun doute… »
Raging Bee reviendrait bien de nouveau également… après la prochaine Transquadra ???… Chiche !

La newsletter du chantier

Retrouvez dans votre boîte mail nos nouveautés, les victoires marquantes de nos bateaux, notre présence aux événements du nautisme, et plus.

Abonnez-vous ci-dessous en deux étapes simples.